Examiner les relations que les gens nouent avec leurs aspirateurs semble une entreprise particulière. Mais lorsque le chercheur est Jodi Forlizzi, qui étudie l'interaction homme-robot, et que l'appareil est l'aspirateur robotique Roomba®, cela prend tout son sens.

Roomba est, après tout, l'un des premiers robots grand public capable de faire un vrai travail à la maison, plutôt que de simplement divertir, a déclaré Forlizzi, professeur adjoint d'interaction homme-machine et de conception à l'Université Carnegie Mellon de Pittsburgh.

Ainsi, lorsqu'une femme se heurte à son robot en forme de disque et dit : « Excusez-moi » ou lorsqu'une famille nomme son aspirateur « Robby », cela commence à vous dire quelque chose sur la façon dont les gens adopteront les futurs systèmes robotiques et comment cela pourrait affecter leur conception et fonction.

Avec iRobot Corp. déclarant des ventes de plus de 2 millions de Roombas, l'aspirateur robotique est plus qu'une curiosité. Les utilisateurs ont même créé des sites Web Roomba et des groupes de discussion Yahoo.

Dans le cadre d'une étude parrainée par la National Science Foundation pour explorer l'impact social des robots, Forlizzi a sélectionné six familles à Pittsburgh et Harrisburg et leur a donné soit Roombas, soit un aspirateur balai portable avec des capacités de nettoyage similaires. Elle a demandé aux membres de sa famille de tenir un journal, de prendre des photos et de consulter périodiquement les chercheurs au cours d'une année.

"Ce qui m'a surpris, c'est à quel point le Roomba a changé la façon dont les gens nettoyaient", a déclaré Forlizzi, qui a présenté ses découvertes lors de la conférence sur l'interaction homme-robot à Washington, D.C. en mars.

Changer des vies

Le robot a changé qui faisait le ménage, impliquant plus d'hommes et plus de membres plus jeunes des familles, travaillant souvent par paires. Cela a changé les styles de nettoyage, car les femmes plus âgées ont abandonné les heures de nettoyage traditionnelles planifiées pour une approche opportuniste, tandis que les plus jeunes se sont retrouvées à nettoyer plus fréquemment. Roomba a même changé la façon dont les gens gardaient leur maison, certains décidant qu'avoir un aspirateur automatisé qui pouvait nettoyer sous les meubles valait l'effort supplémentaire pour éviter l'encombrement des sols.

La fille de 13 ans d'une famille a presque littéralement adopté le Roomba, "prenant progressivement le contrôle" de l'aspirateur et le déplaçant finalement de façon permanente dans sa chambre. "Pour la toute première fois", a déclaré sa mère, "elle est responsable de nettoyer sa propre chambre chaque semaine sans être harcelée."

Tout le monde n'a pas été impressionné par la capacité de nettoyage du Roomba, a découvert Forlizzi, et une famille dans une maison plus ancienne avec beaucoup de tapis à franges a conclu que "ce robot n'a pas été conçu pour ce genre de maison". Mais la plupart ont continué à l'utiliser. Un couple d'environ 80 ans a fini par acheter un deuxième Roomba pour leur deuxième étage. Et même la famille avec l'ancienne maison a finalement décidé qu'il était approprié qu'ils soient les premiers de leur quartier à posséder un robot parce que le mari était exceptionnellement soucieux de la technologie.

L'aspirateur balai n'a impressionné personne non plus avec sa capacité de nettoyage, un utilisateur notant qu'il a été conçu pour "les personnes qui ne nettoient pas vraiment beaucoup". Contrairement au Roomba, cependant, l'aspirateur balai n'a changé la routine de personne. Étant donné que les deux aspirateurs avaient des capacités de nettoyage similaires, les fonctionnalités autonomes et semi-intelligentes du Roomba expliquaient probablement son plus grand impact, a déclaré Forlizzi.

Partie de la famille

En plus de nommer leurs Roombas, certains ont admis avoir parlé au robot alors qu'iltravaillé. "Nous l'avons nommé parce qu'il a une personnalité", a expliqué une femme, qui a appelé le sien Manuel. "Je veux dire, eh bien, faire le travail d'une personne peut en faire partie et cela semble être en quelque sorte intelligent, avec un peu d'intelligence."

Toutes les familles ont également prêté une attention particulière à la réaction de leurs animaux de compagnie au Roomba, attribuant des réponses sociales et émotionnelles aux animaux de compagnie. Une famille a déclaré que son chat aimait s'asseoir près de l'aspirateur "pour lui tenir compagnie", tandis qu'une autre pensait que son chien gériatrique en avait peur.

Avec un si petit échantillon de familles, il est impossible de généraliser les résultats. Mais Forlizzi a déclaré que ce type d'étude ethnographique est couramment utilisé dans le domaine du design pour développer de nouvelles théories et déterminer de nouvelles orientations pour les recherches futures.

"Nous recherchons des concepts thématiques", a déclaré Forlizzi, qui a étudié l'illustration en tant qu'étudiant de premier cycle mais a ensuite "développé les dents pour faire ce genre de recherche" après avoir obtenu une maîtrise en design interactif à Carnegie Mellon et travaillé pour une entreprise de conception de produits. . "La clé est de laisser les gens parler. De cette façon, vous voyez ce que les gens apprécient."

Et parfois, ce que les gens apprécient peut être surprenant. Alors que les robots qui se rechargent entre les utilisations deviennent de plus en plus courants, de nombreuses familles pourraient bien aspirer à la même chose que les sujets de Forlizzi : un placard avec une prise électrique.